Réforme du lycée et du bac... choix par goût ou par dépit?

Que répondre à ce parent ?


Ci-joint mes interrogations / remarques suite à la réunion organisée au lycée.

A ce stade de ma compréhension et de ce qui est effectivement proposé, je n’ai a priori que 2 possibilités pour que mon enfant s’épanouisse en première puis terminale générale :

  • changer de lycée public pour pouvoir suivre les enseignements de spécialité qui lui plaisent (et là, compte tenu de l’engorgement des établissements qui offrent ces spécialités, les chances de réussir à l’inscrire sont minces)
  • opter pour un lycée privé, sous réserve de place et d’acceptation de son dossier.

J’ai suggéré aux élus FCPE du CA du Lycée de ne pas voter la DHG lors du prochain CA.


J’ai assisté à la réunion d’information et je suis tombé de ma chaise en entendant le discours lénifiant pro réforme, sans que des questions concrètes ne soient réellement prises en compte, en tout cas dans la présentation faite :

  1. le choix très limité d’enseignements de spécialités, « parce qu’on a du mal à remplir les classes » (dixit le proviseur) pour les futurs élèves de première générale ;
    • est-ce la fin des dédoublements ?
       
  2. la possibilité de choisir des enseignements de spécialités même si elles ne sont pas prévues au lycée d'affectation.
    • J’ai demandé comment ça se passerait :
      • réponse apportée : « nous essayons de nouer des partenariats avec des lycées voisins ».
         
    • Sauf que nous sommes en plein débat sur la DHG, que les lycées voisins (lesquels ???? ) n’ont pas de visibilité sur le nombre d’élèves extérieurs à accueillir le temps d’un enseignement de spécialité et que pour l’élève, aller 4 heures par semaine dans un autre établissement suppose :
      • qu’il soit autonome pour le faire
      • que son emploi du temps le lui permette
      • qu’il fasse de gros efforts d’adaptation et d’intégration dans un lycée qu’il fréquentera de manière épisodique
      • quels liens informatiques entre les deux lycées pour le suivi des notes ???
         
    • quand j’ai demandé comment ça se passerait dans les faits,
      • Mme la Proviseur a répondu que c’était difficile de s’organiser pour 2 fois 2 heures d’enseignements de spécialité et que les élèves pourraient également bénéficier des cours du CNED (en précisant bien que ce serait gratuit).
         
    • Chouette ! Vous connaissez beaucoup d’élèves qui travailleront spontanément des cours, sans interaction avec la classe ni l’enseignant ? S’ils ne comprennent pas, les familles devront faire à la place (bon courage à tous) ou payer un prof particulier pour expliquer les notions et les méthodologies, j’ai bon ? Et les familles qui ne le peuvent pas font comment ?
       
  3. Le proviseur répond à une élève qu’il est toujours possible de s’inscrire dans un autre établissement, mais que ce sera difficile et donc que le lycée leur conserve leur place au cas où ils n’auraient pas d’affectation.
    • Ce qui signifie que l’élève choisit non par goût (contrairement à ce qui nous a été dit en début de réunion) mais par dépit, entre les enseignements proposés.
    • Dit comme ça, c’est tout de suite moins vendeur, mais c’est la réalité qui va s’imposer
       
  4. Compte tenu du poids des enseignements de spécialité dans le nouveau bac (16 chaque), il serait souhaitable que l’élève puisse avoir un vrai choix et non un choix parmi les possibles du lycée d’appartenance, non conforme à ses goûts. L’enjeu est double :
    1. l’épanouissement de l’élève et
    2. sa réussite à l’examen final.
       
    En effet, le proviseur nous a informés que les exigences étaient élevées : elle conseille d’avoir 14 de moyenne pour postuler dans l’enseignement de spécialité) et le programme dense (elle nous a dit que le programme de maths des Première et terminale serait fait en un an.

    En terminale, les élèves préparent maths sup ? Ils dorment ? Ils révisent ????.

A titre personnel, je refuse que mon enfant se trimbale d’un lycée à un autre ou qu’il n’ait que le CNED comme possibilité.

Et pour les enfants à besoins spécifiques, qu'est-il prévu ?
Rien apparemment. Les seuls choix que nous ayons actuellement :

  • faire ouvrir un enseignement de plus au lycée
    • encore faudrait-il qu’il y ait convergence de demandes et possibilité de le faire = c’est mort a priori
       
  • obtenir une place dans un lycée public proposant les enseignements souhaités et offrant les moyens d'accueil et la proximité des établissements spécialisés...
  • opter pour le privé (et les places sont chères, à tous points de vue)
  • renoncer aux choix de notre enfant et le condamner à ramer dans des enseignements pour lesquels il n’a aucun goût ni de compétences réelles (maths, physique) voire à le faire échouer au bac…

Cornélien, non ?

Désolé pour ce mail fleuve, mais cette réforme à la va vite aboutit dans les faits à une sélection par l’argent :

  • soit on a les moyens de déménager vers un établissement qui offre des choix variés,
  • soit on paye un prof particulier,
  • soit on finance des études dans le privé,
  • soit on subventionne un transporteur pour rallier deux lycées distants…

Bref, super fan de cette réforme, menée au pas de course, sans réflexion sur le déroulé concret du quotidien de l’élève ou des enseignants.