Congrès 2021 de la FCPE des Hauts-de-Seine -- Déclaration solennelle

Nous sommes à quelques jours ou semaines de la fin de cette année scolaire difficile, parfois démoralisante, mais surtout épuisante pour tous : pour les élèves, pour les enseignants, pour toutes les équipes éducatives et administratives des établissements scolaires mais également pour les parents d'élèves.

Nous constatons avec tristesse et colère le peu d'investissement de l'Etat pour le service public de l'éducation.

L'Éducation Nationale ne semble pas être une priorité nationale mais plutôt un fardeau dont l’Etat cherche à se délester (au profit d'une éducation privatisée ?).

Nous déplorons :

• Les fermetures de classes prévues dans les écoles à la rentrée
• La baisse des DHG dans les collèges et les lycées une fois de plus et alors que les besoins n'ont jamais été aussi importants
• Le peu de remplaçants dans le premier et le second degré, parfois même l’absence d'enseignant dans certaines matières
• La non-réquisition de locaux qui auraient pu permettre de maintenir les cours dans certains établissements dans le respect du protocole sanitaire
• L’absence de réflexion pédagogique et d’investissement sur ce que pourrait être un enseignement hybride propice à l’apprentissage de tous les élèves
• Le manque de moyens pour permettre une école inclusive qui soit bénéfique pour tous
• L'inégalité pour les épreuves de fin d'années (DNB, bac) car les établissements (publics et privés) n’ont pas tous eu les mêmes contraintes en matière de jauges et d'organisation
• Le problème récurrent du manque de places disponibles en terminale dans leurs lycées d’origine pour les redoublants du bac, au risque d’alourdir un type de décrochage pourtant facile à empêcher.
• Le manque d'investissement dans l’enseignement supérieur et là encore une politique de gestion de la pénurie, qui pénalise les futurs bacheliers dans la poursuite de leurs études, comme si élever le niveau d’études de la jeunesse n’était pas une mission primordiale pour ce gouvernement.

Certes la mise en place des protocoles sanitaires a permis l'accueil des élèves en cette période de pandémie.

Mais qu'en est-il des apprentissages ? Les cours en distanciel ont fragilisé voire laissé beaucoup d'élèves sur le côté, à la fois pour des raisons d'accessibilité (coût du matériel, de la connexion...), de conditions de travail à domicile (petits appartements peu propice à la concentration, présence de jeunes enfants ou d’un environnement bruyant) mais aussi tout simplement parce qu'un cours en Visio ou bien des devoirs à travailler seul ne remplacent pas un cours en interaction, dispensé par un enseignant dans une salle de classe avec d'autres élèves.

Depuis des années la FCPE 92 dénonce la gestion de la pénurie, la politique du chiffre, pourtant nos enfants ne sont pas des chiffres !

La FCPE 92 réclame des moyens adaptés à la réalité́ locale et conjoncturelle pour l'école publique.

Nous voulons :

• Des moyens humains : davantage d'enseignants pour des classes moins chargées et pour assurer les remplacements, ET des personnels en nombre suffisant pour assurer le bon fonctionnement des établissements : personnels de santé scolaire, AESH, personnel de vie scolaire et assistants sociaux personnels d’entretien, personnels administratif, de gestion, PsyEN, personnels périscolaires et de médiation…

Nous voulons :

• Des bâtiments suffisamment spacieux, bien entretenus et en nombre suffisant pour accueillir tous les élèves dans des conditions correctes : accessibilité́, sécurité́ et salubrité́, des locaux où il est possible d’étudier sans avoir froid en hiver, ni trop chaud au printemps, où il ne soit pas mission impossible pour les élèves d'aller aux toilettes en toute dignité́ ni d’accéder à des points d’eau pour s’hydrater et se laver les mains autant que de besoin.

Nous voulons :

• Des lieux permettant aux jeunes de s’initier à l’exercice de la démocratie. Force est de constater en effet que dans l’écrasante majorité des écoles et a fortiori collège et lycées, les élèves délégués et les autres sont privés de lieux de réunion entre pairs.

Nous voulons :

• Un réel investissement dans l'enseignement supérieur, des créations de places pour les étudiants dans les filières en tension, afin de permettre aux jeunes d'envisager sereinement, s'ils le souhaitent, un projet de poursuite d'études, compte tenu de la réalité de l’impact scolaire et psychologique de la crise sanitaire sur les élèves depuis le printemps 2020,

Nous voulons :

• Des moyens humains et matériels pour un dispositif ambitieux de rattrapage des programmes et de remise à niveau des élèves, réparti sur toute l'année scolaire, notamment pour les niveaux décisifs ayant le plus souffert dans leurs acquisitions : CP - CM2 / 6e - 3e ainsi que les classes des lycées pro, techniques et généraux.

Nous voulons :

• Une co-éducation effective à laquelle l’Education nationale participe, pour mettre fin à la défiance entre les écoles, les collèges, les lycées et les familles.

En conclusion, nous réclamons beaucoup et pourtant il ne s’agit que du minimum vital.

Nos exigences dessinent le constat affligeant du manque de moyens et de vision chroniques de l’Education nationale. Nous, représentants de parents d’élèves, nous nous sentons si seuls, lors des conseils d’écoles, des conseils d’administration, des CDEN, à défendre l’Ecole publique alors que plus que jamais, ses carences permettent au privé lucratif de prospérer au détriment d’une éducation de qualité pour tous.

Car nous savons bien, nous, que chaque absence d’enseignant non remplacée, chaque classe non dédoublée, chaque adulte en moins dans les équipes éducatives, chaque programme tronqué, chaque établissement vétuste, se traduisent directement par une perte de chance dans la scolarité de nos enfants, et au-delà par une perte de chance pour notre démocratie toute entière.

C’est pourquoi nous, représentants de parents FCPE 92, parents d’élèves engagés, nous ne lâcherons rien en 2021-2022.

NANTERRE LE 5 JUIN 2021