Adolescence. Il se compare sans arrêt aux autres

Un adolescent va et vient entre la recherche d’un conformisme rassurant et celle d’une différenciation. En arrêtant de se comparer, l’ado pourra s’accepter tel qu’il est, sans devenir esclave d’une performance.
Source: Ouest France – 2018/03/29. Crédit photo:  fotolia

Se comparer à d’autres est normal et humain, surtout à l’adolescence. « Un jeune se demande alors qui il est, et sil existe pour les autres, car il est en train de construire son identité », explique Marie Quentin-Peltan, psychologue à Bordeaux et spécialiste des adolescents. Un ado va et vient entre la recherche d’un conformisme rassurant et celle d’une différenciation.

La comparaison devient toxique quand elle est récurrente et que le jeune se compare toujours à « mieux » que lui. « Cest un poison pour la confiance en soi, car cela amène le jeune à se dévaloriser. Cela le fait souffrir et lui ôte une certaine spontanéité. » On peut inviter l’ado à se demander comment il se sent lorsqu’il se compare : plus léger ou plus lourd ?

Veut-il être un mouton ?

À l’usage, l’adolescent peut comprendre ou ressentir qu’en cessant les comparaisons, il apprend à se respecter comme un être unique qui a une couleur, un passé et une personnalité particulière. « On peut laider à dresser une liste de ses qualités, ses réussites et ses ressources. Si, demain, une machine le transformait intégralement, que voudrait-il garder de lui? » interroge la psychologue. On parle aussi de ses défauts : souvent, ils ne sont pas réels mais il les perçoit comme tels, par comparaison.

Un parent peut aussi décoder, avec son ado, combien la société encourage les normes et les modèles de perfection. « Cette pression fait naître le sentiment que lon est imparfait. Et nous pousse à consommer des produits pour nous sentir plus convenables », souligne Marie Quentin-Peltan.

« Pas besoin dêtre parfait »

Tout incite à la performance. Il est parfois difficile de s’accepter tel que l’on est. « Comme sil y avait un écart à combler entre un moi réel et un autre idéal. Alors, on se juge: on est trop lent ou trop gros. »

On peut rappeler à un ado qu’il peut s’accueillir exactement comme il est, avec des forces et des faiblesses qu’il n’a pas besoin de juger. « Et quaucun être humain na besoin dêtre parfait pour être aimé, se sentir heureux et réussir sa vie. »

Audrey Guiller